“I was born in Paris in 1966 and work as a photo reporter for 30 years. Since the early 90’s, I spent the majority of my time in Naples, Cambodia, Vietnam, Havana and Africa.”
The Passenger by Nicolas Pascarel
In 1996 I was young and Europe was already boring so I decided to go there, see what was happening, I felt that I could live somehow. To live what, I didn’t know it, but it was my idea: to change. Change myself.
I got it all there, behind the ocean and it was like a stopped image, like when you hit the pause button, a stop in time. That’s what made me think and strangely that’s what made
me move forward. I felt how to say “new”. People walk, eat, work, take the bus, have fun and cry but all in slow motion, as in a bolero, as if the future did not exist. The opposite of what I saw in Europe where people think only of the future, their own future: if they will live better tomorrow, a better love, a better house, a better car, a better holiday, a life longer, a better job… I never
thought about the future and even less about all these things, this does not interest me, I live and I can’t stop. When I stop, everything will be over. Definitely. So I wanted to escape from all this. And I left without thinking too much.
In Havana I felt the non future as a film that does not unfold at the right speed, in slow mode. This changed my view of the world, my way of photographing, of watching. It was a turning point for me. Strangely, I felt myself living, really living for the first time, completely free. It may seem absurd given the political system in place but I felt a freedom that I did not know before, far from everything and everyone. I loved.
And then the years passed and I continued this love story between me and the city, slowly, in its own way. When I did my second exhibition at the Fototeca de Cuba in 2001, it was perhaps a way to finish, to say aloud; I saw, I lived and here is the result. I thought I was done with Havana forever. The end point to my evolution not to say revolution. Between 1996 and 2001 a lot of things had changed in me, both professionally and personally, and I thought that never again would I come back, that it was definitely over.
I was wrong. I took 10 years to come back, like that, without thinking too much.
It made me strange. Everything had remained almost the same and I was advancing without receding in age, in time. The return was very hard, brutal, sometimes boring, not to say disappointing. And then there were other trips that followed, always with a kind of uneasiness. I could not get into the city, I saw my beautiful and it did not make me any more effect, I did not want it anymore but I still loved it. These are things that happen with love. Terrible things. Yes really terrible.
And then there was the light. Some call it mature, but I don’t like that word. For me everything is love and again I loved, desired. Yes like that on the first night of November 2012. I felt immediately out of the plane, my heart and my mind reconnect with my almost eternal love. It was magical just like the daylight that enters the room in the early morning. When I arrived, I felt the desire again, the desire to live, to tell with my tool which is the photo. So I started The Passenger.
The passenger was obvious not to say a deliverance. The passenger tells all that I always wanted to tell, that is to say not much, it tells the whirlwind of my life and it’s not an easy task! All at last in the same story. It seemed to me necessary to eliminate in my photos and for the first time, the people, the portraits, the ambiances of streets… me who loves so much Humanity but this was necessary for my transformation. This is the job that most resembles what I am today, the most successful in my life as a photographer.
The images sometimes break the wind, they caress it to break it forever, all in the light of the sunset, between dog and wolf at the very moment where the storm that haunts my nights is constantly being mixed up. Nights of love and accursed nights, alone.
Le Passager | Nicolas Pascarel
En 1996 j’étais jeune et l’Europe m’ennuyait déjà alors j’ai décidé d’aller là bas, voir ce qui se passait, je sentais que je pouvais vivre en quelque sorte. Vivre quoi, je ne le savais pas mais c’était mon idée : changer. Me changer.
Je suis arrivé tout là bas, derrière l’océan et c’était comme une image arrêtée, comme lorsqu’on appuie sur le bouton pause, un arrêt dans le temps. C’est ça qui m’a fait réfléchir et étrangement c’est justement ça qui m’a fait avancer. Je me sentais comment dire « nouveau ». Les gens marchent, mangent, travaillent, prennent le bus, s’amusent et pleurent mais le tout au ralenti, comme dans un boléro, comme si le futur n’existait pas. Tout le contraire de ce que je voyais en Europe ou les gens ne pensent qu’au futur, leur propre futur : s’ils vivront mieux demain, un meilleur amour, une meilleure maison, une plus belle voiture, de meilleures vacances, une vie plus longue, un meilleur boulot ..Moi je n’ai jamais pensé au futur et encore moins à toute ces choses, ceci ne m’intéresse pas, je vis et je ne peux m’arrêter. Lorsque je m’arrêterais, tout sera fini. Définitivement. Alors je voulais échapper à tout ceci. Et je suis parti, sans trop réfléchir.
A La Havane j’ai senti le non futur comme un film qui ne se déroule pas à la bonne vitesse, en mode lent. Ceci a changé ma vision du monde, ma façon de photographier, de regarder. Ce fut un tournant pour moi. Bizarrement je me suis sentie vivre, vivre vraiment pour la première fois, complètement libre. Ça peut paraître absurde vu le système politique en place mais j’ai senti une liberté que je ne connaissais pas avant, loin de tout et de tous. J’ai aimé.
Et puis les années sont passées et j’ai continué cette histoire d’amour entre moi et la ville, lentement, à sa façon. Lorsque j’ai fais ma deuxième expo à la Fototeca de Cuba en 2001, c’était peut être une façon d’en finir, de dire tout haut ; j’ai vu, j’ai vécu et voici le résultat. Je pensais en avoir terminé avec La Havane, à tout jamais. Le point final à mon évolution pour ne pas dire révolution. Entre 1996 et 2001 beaucoup de choses avait changé en moi, tant sur le point de vue professionnel que personnel et je pensais que jamais plus je ne reviendrais, que c’était définitivement fini.
Je me suis trompé. J’ai mis 10 ans pour y revenir, comme ça, sans trop réfléchir.
Ça m’a fait bizarre. Tout était resté pratiquement pareil et moi j’avançais sans recul dans l’âge, dans le temps. Le retour fut très dur, brutal, parfois ennuyant pour ne pas dire décevant. Et puis il y a eu d’autres voyages qui ont suivis, toujours avec une sorte de malaise. Je n’arrivais plus à rentrer dans la ville, je voyais ma belle et elle ne me faisait plus d’effet, je ne la désirais plus mais je l’aimais encore. Ce sont des choses qui arrivent avec l’amour. Des choses terribles. Oui vraiment terrible.
Et puis il y a eu la lumière. Certains appellent ça la maturité mais je n’aime pas ce mot. Pour moi tout est amour et de nouveau j’ai aimé, désiré. Oui comme ça au premier soir d’un jour de novembre 2012. J’ai senti tout de suite à peine sortie de l’avion, mon cœur et mon esprit renouer avec mon amour presque éternel. Ce fut magique tout comme la lumière du jour qui entre dans la chambre au petit matin. Lorsque je suis arrivé, j’ai senti de nouveau l’envie, l’envie de vivre, de raconter avec mon outil qui est la photo. Alors j’ai commencé Le Passager.
Le Passager était une évidence pour ne pas dire une délivrance. Le passager raconte tout ce que j’ai toujours voulu raconter, c’est à dire pas grand chose, il raconte le tourbillon de ma vie et c’est pas une mince affaire ! Le tout enfin dans une même histoire. Il m’a paru nécessaire d’éliminer dans mes photos et pour la première fois, les gens, les portraits, les ambiances de rues….moi qui aime tant l’Humanité mais ceci était nécessaire pour ma transformation.
C’est le travail qui ressemble le plus à ce que je suis aujourd’hui, le plus abouti dans ma vie de photographe. Les images parfois brisent le vent, elles le caressent pour le rompre à jamais, le tout à la lumière du coucher du soleil, entre chien et loup au moment même ou se mêle sans cesse cette tempête qui hante mes nuits. Nuits d’amour et nuits maudites, seul.
Nicolas Pascarel
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https://www.olympuspassion.com/2019/05/10/la-photographie-autrement-photography-otherwise/