The mood of Love | Havana Cuba
Ce jour là il faisait gris à la havane, un temps d’hiver. En fin de journée, le soleil montrait un peu sa face, très peu mais juste de quoi donner du relief, suffisant à mes yeux. J’étais encore dans mon hôtel au 14 étage et je regardais par la fenêtre pour voir au loin si le ciel s’ouvrait ou non. Cela s’ouvrait, suffisamment à mes yeux.
Alors j’ai descendu les 14 étages et je suis allé là bas, loin, très loin, au bout de la ville, vers la mer, l’océan, en direction de la 5 Avenida. Je ne savais pas ce que j’aurais pu y trouver mais je savais que quelque chose me portait là bas alors je suis parti comme ça, à l’arraché. C’est peut être ça être photographe – oui parce que je suis photographe – sentir les choses, les lieux, regarder le ciel et en comprendre le sens, chercher la lumière et la prendre pour soi comme une femme qu’on enlace. Je suis arrivé là bas et il n’y avait rien, juste un désert de ruine cimenté avec la mer au loin qui se jetait férocement sur le béton. Je pensais que la mer devait beaucoup souffrir à venir se jeter comme ça, chaque jour et à chaque heure sur ce béton infâme qui résiste si bien aux coups. Il y a tant d’endroit si doux ou la mer peut bien se jeter. Pourquoi choisir justement cet endroit si dur et si triste. Peut être que cette mer là souffre – oui ça doit être ça – elle souffre et vient pleurer ici chaque jour, chaque minute, chaque lever de lune, sans jamais se lasser.
Ç’aurait pu être à Brighton – même si je n’y ai jamais mis les pieds mais mon imaginaire photographique me donne une vision suffisamment grise et grisé de Brighton l’hiver – mais c’était La Havane, el pais tropical qui en ce jour de décembre n’avait absolument rien d’exotique. Il n’y avait rien, juste cette voiture, peut être une Pontiac, garée de travers avec la porte ouverte, comme ça dans le vent, isolé, entre ciel et terre. Il y avait une femme en robe blanche à l’intérieure qui parlait et puis c’est tout. Non, il y avait aussi des nuages comme il y en a qu’à La Havane, oui ces nuages Habanero qui glissent et dansent dans le ciel à la tombée du jour. Parfois jaunes, parfois rouge ou rose, parfois noir aussi. Ceux là étaient jaunes, un jaune de Naples. Il semblerait que ces nuages sont justement là pour le photographe, ils ne demandent qu’à être étreint dans l’objectif. Alors j’ai fais la photo.
Photo et texte de Nicolas Pascarel
Next Photo Workshop in Havana, Cuba 20-27 August 2018